Le différend opposant la société canadienne Sarama Resources à l’État burkinabé franchit une nouvelle étape. L’entreprise minière a annoncé avoir déposé un mémoire détaillant sa réclamation dans le cadre de la procédure d’arbitrage engagée auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Elle y réclame désormais 242 millions de dollars américains à titre de dommages et intérêts, un montant largement supérieur à la somme initialement demandée fin 2024.
Ce litige trouve son origine dans le retrait par les autorités burkinabées des droits miniers de Sarama sur le gisement aurifère Tankoro 2, un permis que la compagnie affirme avoir légalement renouvelé en 2021. Le site, situé dans la ceinture aurifère de Houndé, renfermerait environ 2,5 millions d’onces d’or selon les estimations de la société.
Informée en 2023 par le ministère de l’Énergie, des Mines et des Carrières du retrait du permis, Sarama Resources avait qualifié la décision d’« incohérente ». Faute de réponse favorable à ses recours administratifs, elle a saisi en décembre 2024 le CIRDI, organisme dépendant de la Banque mondiale, pour faire valoir ses droits.
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Le dépôt du mémoire et de la nouvelle demande de 242 millions USD marque donc une étape clé dans la procédure. Si la société n’a pas précisé les raisons de cette réévaluation à la hausse, elle indique que cette démarche ouvre la voie à la poursuite de l’arbitrage, le contre-mémoire du gouvernement burkinabé étant attendu au plus tard le 31 janvier 2026. À l’issue de cette phase, un calendrier procédural définitif sera établi.
Les arbitrages devant le CIRDI sont connus pour leur complexité et leur durée, souvent de plusieurs années. Pour financer les frais de cette procédure, Sarama a conclu un accord de financement de 4,4 millions USD avec Locke Capital II LLC, un organisme spécialisé dans le financement de litiges internationaux.
De son côté, Ouagadougou n’a pas encore réagi officiellement à la nouvelle annonce de la société canadienne. L’avenir du gisement Tankoro 2 demeure, pour l’heure, incertain, aucune information récente n’ayant été communiquée sur sa gestion depuis plus d’un an.
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Ce différend illustre les tensions récurrentes entre États africains et compagnies minières étrangères, souvent liées à la renégociation des contrats ou au contrôle des ressources stratégiques. Le cas Sarama s’ajoute à une série d’autres litiges, dont celui opposant Barrick Mining au Mali, symbole d’une tendance croissante à la judiciarisation des relations minières sur le continent.
Alors que le Burkina Faso cherche à restructurer son secteur minier dans un contexte économique et sécuritaire difficile, cette affaire pourrait avoir des implications majeures sur la confiance des investisseurs étrangers et sur la valorisation des actifs miniers du pays.
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