Dans les profondeurs verdoyantes du sud du Sénégal, le murmure des tronçonneuses résonne encore trop souvent. À Kolda, l’une des dernières grandes réserves forestières du pays, le lieutenant-colonel Moussa Diémé, inspecteur régional des eaux et forêts, tire la sonnette d’alarme : sans davantage de moyens, la lutte contre le trafic illicite de bois risque de perdre du terrain face à des réseaux de plus en plus organisés.
« Nous souhaitons qu’on mette à notre disposition plus de moyens pour faire face aux trafics internationaux et internes des ressources naturelles », a plaidé l’officier, lors d’une visite de terrain organisée à Vélingara, où les agents forestiers ont présenté de récentes saisies.
Coincée entre la Gambie, la Guinée-Bissau et la République de Guinée, la région de Kolda est une porte ouverte aux trafics transfrontaliers. Les convois de troncs d’arbres arrachés aux forêts sénégalaises y transitent parfois sous couvert de nuit, empruntant des pistes isolées avant d’être exportés illégalement.
« Le territoire est vaste, les forêts sont denses et les trafiquants bien équipés », explique un agent forestier. « Sans véhicules adaptés ni surveillance aérienne, il est difficile de tout contrôler. »
Pourtant, grâce à une stratégie renouvelée, les résultats s’améliorent. Le service forestier ne revend plus le matériel saisi aux trafiquants, une mesure qui a privé ces derniers de leurs camions et tronçonneuses, freinant ainsi leurs activités.
« Ce changement d’approche a eu un impact positif : sans moyens logistiques, les trafiquants ne peuvent plus transporter les troncs », se félicite le lieutenant-colonel Diémé.
Les opérations de saisie se multiplient, souvent au péril des agents. Certains sont agressés ou menacés lors de leurs patrouilles en brousse. Une situation que l’officier juge « regrettable », rappelant que « les forestiers sont là pour protéger les ressources dans l’intérêt des populations ».
Le manque de coopération communautaire demeure l’un des principaux obstacles. Dans plusieurs villages, la pauvreté pousse encore certains habitants à participer à la coupe illégale. Pour Diémé, la solution passe par plus de sensibilisation et de projets alternatifs, afin que la protection de la forêt devienne aussi une opportunité économique locale.
La bataille engagée à Kolda dépasse le cadre local. Elle symbolise le combat du Sénégal pour sauvegarder son patrimoine forestier, mis à mal par la déforestation, le charbonnage et la pression agricole.
LA REDACTION VOUS PROPOSE :
Les efforts conjoints des forces de défense et de sécurité, salués par le lieutenant-colonel, permettent de contenir une partie du trafic. Mais la tâche reste immense : chaque arbre sauvé aujourd’hui représente une promesse d’équilibre pour les générations futures.
Sous le soleil de Kolda, les hommes en uniforme vert poursuivent leur mission avec conviction. Entre vigilance, fatigue et espoir, ils livrent une guerre silencieuse pour la survie des forêts sénégalaises — un combat que le lieutenant-colonel Diémé espère voir enfin reconnu et soutenu à la hauteur de ses enjeux.
Newsletter
Recevez nos actualités récentes directement dans votre boîte mail.