L’affaire a éclaté le 20 juillet dernier lorsque trois ressortissants gabonais ont été appréhendés en flagrant délit alors qu’ils tentaient de commercialiser cinq défenses d’éléphant dans la ville de Port-Gentil. Détenus dans les locaux de la police judiciaire de la capitale de l’Ogooué-Maritime, les mis en cause attendent leur transfert imminent vers le Parquet Spécial de Libreville pour répondre de leurs actes.
Parmi les suspects, si deux ont été identifiés comme étant un cultivateur et un pêcheur, le troisième individu présente un profil particulièrement troublant. Ce dernier se faisait passer, selon les circonstances, pour un agent du Parc National de Loango ou pour un commandant des Eaux et Forêts. L’enquête a révélé qu’il utilisait une tenue obtenue lors d’une formation d’écogarde à Lopé, qu’il n’avait jamais achevée des années auparavant. Ce passé dans le milieu de la conservation constitue une circonstance aggravante, prouvant qu’il agissait en parfaite connaissance de la législation et des enjeux de protection des espèces.
Un réseau organisé aux méthodes cruelles
L’opération a non seulement permis de stopper une transaction illicite, mais a aussi offert un aperçu des méthodes employées par les braconniers. Selon les premiers éléments de l’enquête menée par la PJ et l’administration des Eaux et Forêts, l’un des éléphants abattus aurait été capturé à l’aide de pièges spécifiquement conçus à cet effet, témoignant d’une cruauté et d’une préméditation certaines.
De plus, le fait que ces trophées aient pu être acheminés sur de longues distances jusqu’à Port-Gentil sans être interceptés inquiète les autorités. Cela souligne l’existence de filières organisées et la nécessité, comme le rappelle l’ONG Conservation Justice, d’intensifier les contrôles et de mener des investigations plus poussées pour démanteler ces réseaux en amont.
Jusqu’à 10 ans de prison encourus
Conformément aux articles 390 et 398 du Code pénal gabonais, le trafic d’ivoire est un crime sévèrement puni. Les trois suspects, pris en flagrant délit de détention, circulation et tentative de commercialisation de trophées d’une espèce intégralement protégée, risquent une peine pouvant aller jusqu’à dix ans d’emprisonnement ferme. À cette peine s’ajoute une amende pouvant atteindre le quintuple de la valeur des pointes d’ivoire saisies.
Cette nouvelle arrestation, si elle constitue une victoire pour les forces de l’ordre et leurs partenaires, rappelle crûment que la lutte contre le crime faunique est un combat de tous les instants. Elle démontre que les réseaux de trafiquants, loin d’être des acteurs isolés, sont des organisations structurées qui nécessitent une vigilance et une détermination sans faille de la part des autorités pour protéger le patrimoine naturel du Gabon.
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