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La fonte des glaciers du pôle Nord : focus sur les impacts en Afrique de l’Ouest

par Manfred Essome

Quand la fonte des glaciers du pôle Nord met en péril les conditions de vie des habitants d’Afrique de l’Ouest. Le phénomène est, désormais, bien documenté : la hausse des températures liée au dérèglement climatique entraîne une accélération de la fonte de la calotte glaciaire qui, elle-même, pourrait conduire à une hausse du niveau mondial des océans de 2 mètres d’ici à la fin du siècle. Les pays côtiers et aux reliefs relativement bas sont, logiquement, en première ligne face à la montée des eaux. En Afrique, si tous les pays de l’Ouest du continent sont concernés, la Côte d’Ivoire, dont la superficie est majoritairement composée de plateaux et de plaines, et dont le littoral génère, toutes activités confondues (pêche, activités commerciales et portuaires, tourisme, etc.) près de la moitié du PIB annuel, sera si rien n’est fait l’une des premières victimes de l’élévation globale du niveau de la mer.

Érosion, recul du trait de côte, inondations côtières, tempêtes, mais aussi surexploitation du sable, urbanisation galopante et mauvaises pratiques vivrières : en Côte d’Ivoire, un tiers des plus de 500 kilomètres de littoral est, à plus ou moins brève échéance, menacé par les assauts de l’océan Atlantique. Avec des conséquences très concrètes : déplacements massifs de communautés entières, destruction des habitations, des plages et des infrastructures touristiques et balnéaires, baisse des rendements halieutiques – d’ici 2050, la pêche côtière pourrait baisser d’un quart (-26%) –, mise hors service des équipements utilisés par les pêcheurs, disparition des mangroves et, avec elles, de leur incomparable biodiversité et de leur rôle « tampon » face au réchauffement climatique… D’ores et déjà, la Banque mondiale estime que la montée des océans coûterait, chaque année, 2 milliards de dollars à la Côte d’Ivoire, soit l’équivalent de 5% de son PIB annuel.

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Moins médiatisée que d’autres conséquences plus immédiatement perceptibles de la montée des eaux, la situation des mangroves ivoiriennes interpelle particulièrement. D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la moitié (50%) de leur superficie aurait disparu en moins de trois décennies, passant de 20 000 hectares en 1990 à 10 000 hectares de nos jours – soit l’équivalent de 18 000 terrains de football. En cause, encore et toujours la spéculation immobilière ; mais aussi la pratique, spécifique à la Côte d’Ivoire, du fumage du poisson au bois de palétuvier.

Une tradition qui fournit un emploi à près de 250 000 femmes de pêcheurs ivoiriens, mais qui contribue à décimer les arbres de la mangrove, avec des conséquences catastrophiques tant sur l’environnement que sur les populations locales.

Moins riches et moins polluants que les pays développés, les États africains ne sont pas responsables de l’élévation mondiale du niveau des océans. Mais c’est à eux qu’échoit, malgré tout, la responsabilité de préserver leurs littoraux, leurs ressources naturelles et les conditions d’habitabilité de leurs territoires respectifs. Au cours de l’assemblée générale des Nations unies, l’ambassadeur ivoirien avait, en 2021, attiré l’attention des diplomates mondiaux sur les dégâts liés à l’érosion, qui « se traduit entre autres par la disparition complète de certains établissements humains, des pertes considérables de terres, de fermes agricoles et une dégradation à grande échelle des infrastructures balnéaires ». Depuis, les autorités de Côte d’Ivoire ont, notamment, investi dans des systèmes de drainage permettant, dans plusieurs villes majeures du pays, de juguler la montée des eaux.

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D’autres initiatives voient le jour. A l’image du projet REWarD-Volta, qui ambitionne de mieux protéger les ressources naturelles du bassin du fleuve Volta, qui s’étend sur plusieurs pays ouest-africains, dont la Côte d’Ivoire. Ou de l’Initiative Pêches Côtières en Afrique de l’Ouest (IPC-AO), portée par la FAO, qui a contribué à restaurer plusieurs centaines d’hectares de mangroves en Côte d’Ivoire et au Sénégal ; non sans succès, d’après son coordonnateur Yacoub Issola, selon qui « la sensibilisation à l’importance des mangroves a entraîné des changements dans le comportement des pêcheurs et des communautés côtières ». Ou encore du projet de revitalisation des mangroves initié par l’ONG Blue Forest, qui replante, avec l’aide des communautés locales, des arbres dans les mangroves de la région d’ Abengourou, l’une des plus déboisées du pays.

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