Au Nigeria, la hausse vertigineuse du coût de la vie s’impose comme une urgence nationale, avec en toile de fond une explosion des prix des denrées de base qui met en péril la sécurité alimentaire de millions de foyers. Logement, électricité, gaz, mais surtout nourriture les ménages nigérians sont confrontés à une pression économique sans précédent, exacerbée par une inflation persistante.
Selon le dernier rapport des Nations unies sur « L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde » (SOFI), publié en juillet 2025, le Nigeria figure parmi les pays les plus affectés par la flambée des prix alimentaires entre 2019 et 2024, aux côtés du Mexique et du Pakistan. Deux catégories de produits sont particulièrement touchées : les produits amylacés, comme le riz, le blé ou les tubercules, et les huiles végétales.
L’indice des prix des féculents, longtemps considérés comme les aliments les plus abordables, a atteint un sommet de 500 points en juillet 2024. De leur côté, les huiles et graisses ont franchi le seuil des 375 points, tandis que l’indice global des prix alimentaires à la consommation (Food CPI) oscillait autour de 300 points. Ces chiffres traduisent une réalité brutale pour les ménages nigérians : l’accessibilité économique à l’alimentation de base devient de plus en plus difficile.
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D’après les données du Bureau national des statistiques (NBS), le prix du kilogramme de maïs blanc a été multiplié par sept entre juillet 2019 et juillet 2024. L’igname, l’un des aliments les plus consommés au Nigeria, a vu son prix multiplié par dix. L’huile végétale a quintuplé, tandis que la farine de blé a quadruplé.
Cette flambée des prix touche de plein fouet les foyers les plus modestes, qui consacrent déjà environ 50 % de leurs revenus à l’alimentation. Pour eux, les denrées de base (longtemps perçues comme des valeurs refuges en période de crise) représentent près des deux tiers de leur alimentation quotidienne, selon la FAO. Leur hausse démesurée agit donc comme un choc direct sur la stabilité nutritionnelle des populations.
Contrairement aux biens de consommation dont la demande peut fluctuer selon les prix, la demande alimentaire reste inélastique : même quand les prix grimpent, les besoins nutritionnels restent constants. Résultat, les ménages doivent faire des choix douloureux, réduisant la diversité de leur régime alimentaire, voire leurs quantités quotidiennes. Cette situation accentue les risques de malnutrition, en particulier chez les enfants et les populations vulnérables.
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La crise alimentaire s’est désormais imposée comme le principal choc économique pour 71 % des ménages nigérians, selon une étude publiée en novembre 2024. Parmi les produits dont les hausses sont les plus fréquemment dénoncées figurent l’oignon, la tomate, le riz, l’huile de cuisson, le poulet congelé, la farine de blé ou encore l’igname. Autant d’aliments de base qui sont devenus, pour beaucoup, de plus en plus inaccessibles.
Face à cette situation alarmante, les appels à des mesures d’urgence se multiplient. Des experts plaident pour une meilleure régulation des marchés, le renforcement des filets sociaux et un soutien accru à la production locale pour contrer les effets de l’inflation importée et des perturbations logistiques.
Mais en attendant, les Nigérians, en particulier les plus pauvres, continuent de payer le prix fort d’une crise alimentaire dont l’issue semble encore incertaine.
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