Le Nigeria franchit une nouvelle étape dans la modernisation de son secteur de l’élevage en misant sur l’intelligence artificielle (IA) pour mieux gérer la santé animale. Développée par Farm Innovation Nigeria, VetWiz 2.0 s’appuie sur l’intelligence artificielle pour fournir des services vétérinaires digitaux. Grâce à une application mobile conviviale, les agents de terrain peuvent détecter les symptômes, recevoir des recommandations thérapeutiques, transmettre les cas graves à des vétérinaires agréés, et localiser les cliniques vétérinaires les plus proches.
L’outil transmet des données en temps réel à des institutions clés comme l’Institut national de recherche vétérinaire (NVRI), ce qui améliore la surveillance épidémiologique et les analyses en laboratoire. Il ne s’agit pas de remplacer les vétérinaires, mais de les doter d’outils intelligents pour obtenir de meilleurs résultats, explique Olawale Arowolo, directeur technologique de Farm Innovation Nigeria. La directrice générale de la société, Chinwe Owhorji, insiste de son côté sur l’accessibilité de la technologie : « Notre objectif est de démocratiser l’accès aux soins vétérinaires, surtout pour les petits éleveurs en milieu rural qui font face à de nombreux défis sanitaires. »
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VetWiz 2.0 s’inscrit dans un écosystème en pleine mutation, où plusieurs startups locales investissent massivement dans les technologies numériques pour répondre aux défis du secteur de l’élevage. Parmi elles : Evet Africa, fondée en 2021, propose Vetable AI, une application mobile capable de diagnostiquer les maladies du bétail à l’aide de l’IA et soutenue par un réseau de cliniques vétérinaires franchisées. Doorcas Africa, créée en 2023, développe des outils numériques pour le suivi de la santé animale. Farmspeak Technology, active depuis 2019, combine IA et Internet des objets pour fournir des solutions intelligentes de prévention et de gestion sanitaire. Ces initiatives privées renforcent la digitalisation du secteur et créent un environnement propice à une meilleure résilience face aux crises sanitaires animales.

L’élevage représente 35 % du PIB agricole nigérian et assure près de 37 % de l’apport en protéines animales du pays. Cependant, les maladies animales restent une menace majeure pour la productivité et la sécurité alimentaire. Selon Samuel Anzaku, vétérinaire en chef au ministère fédéral du Développement de l’Élevage, des outils comme VetWiz 2.0 permettent non seulement d’intervenir rapidement en cas de maladie, mais aussi de construire des politiques de santé animale fondées sur des données fiables.
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Les conséquences économiques sont considérables. Une étude publiée en juin 2025 dans le Journal of Health, Population and Nutrition révèle que la seule fasciolose bovine engendre des pertes annuelles de 26 millions de dollars. D’autres maladies comme la tuberculose bovine, la brucellose et la salmonellose coûtent respectivement 2,9 milliards, 1,5 milliard et 3 milliards de dollars chaque année à l’économie nigériane. Ces pathologies affectent lourdement la production laitière, augmentent les coûts vétérinaires, et fragilisent les revenus des petits exploitants, pilier de la production animale du pays.
La montée en puissance de l’intelligence artificielle dans le secteur de l’élevage nigérian marque un tournant décisif. L’intégration de solutions comme VetWiz 2.0 promet non seulement une meilleure gestion des maladies, mais aussi un changement structurel durable, orienté vers l’innovation, la prévention et l’efficacité. Pour un pays confronté à de multiples défis agricoles, cette transformation numérique pourrait bien être l’un des leviers clés pour assurer sa souveraineté alimentaire et renforcer les moyens de subsistance de millions d’éleveurs.
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