La contrebande de cacao dans le bassin cacaoyer en Afrique de l’Ouest connaît une recrudescence alarmante, avec une augmentation significative du trafic vers des pays tels que le Libéria et la Guinée. Cette tendance inquiétante survient alors que la Côte d’Ivoire, principal producteur de cacao au monde, fait face à une baisse attendue de sa production pour la saison 2023/2024.
Selon une enquête récente menée par Ousmane Attai, consultant indépendant spécialisé dans les matières premières, les trafiquants de cacao offrent désormais des prix nettement supérieurs aux producteurs ivoiriens pour les convaincre de céder leurs marchandises. Alors que le prix garanti en Côte d’Ivoire est de 1 500 FCFA par kilogramme, les trafiquants ajoutent entre 100 et 200 FCFA à ce montant, ce qui représente une incitation considérable pour les producteurs. Par la suite, ces trafiquants revendent le cacao à des prix allant jusqu’à près de 3 000 FCFA au Libéria et en Guinée.
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Cette augmentation du trafic de contrebande soulève de vives préoccupations quant à l’ampleur réelle du phénomène. Bien que les chiffres officiels n’aient pas encore été évalués, les sources sur le terrain suggèrent que le volume de cacao impliqué pourrait atteindre entre 70 000 et 100 000 tonnes. Cette situation met en péril à la fois l’économie légale du secteur cacaoyer et les revenus des producteurs locaux.
La contrebande de cacao se concentre principalement sur les frontières avec le Libéria et la Guinée. En raison des difficultés liées à l’acheminement par pirogues sur le fleuve Cavally, qui sert de frontière naturelle entre la Côte d’Ivoire et le Libéria, plus d’un tiers du cacao contrefait est acheminé vers le Libéria. Les coûts de transport, évalués à 5 000 francs par sac de cacao, sont compensés par des barques pouvant contenir jusqu’à 5 à 6 sacs, soit environ 500 kg par voyage. Les deux tiers restants du cacao trafiqué sont acheminés vers la Guinée par des camions via des routes terrestres.
Cette situation alarmante se produit dans un contexte de baisse prévue de la production de cacao en Côte d’Ivoire pour la saison 2023/2024. La production devrait atteindre seulement 1,8 million de tonnes, soit une baisse significative par rapport aux 2,3 millions de tonnes de l’année précédente. Cette diminution de la production risque d’exercer une pression supplémentaire sur les prix mondiaux du cacao, ce qui pourrait inciter davantage de trafiquants à s’engager dans des activités illicites.
Face à cette situation préoccupante, il est impératif que les autorités renforcent leurs efforts de lutte contre la contrebande de cacao et mettent en place des mesures plus efficaces pour protéger les intérêts des producteurs locaux. Il est également essentiel de promouvoir des politiques visant à soutenir l’industrie cacaoyère légale et à lutter contre les pratiques illégales qui sapent son développement.
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Tant que des mesures concrètes ne seront pas prises pour endiguer ce phénomène, la contrebande de cacao continuera de menacer l’économie cacaoyère en Afrique de l’Ouest et de compromettre les moyens de subsistance des agriculteurs qui dépendent de cette culture emblématique. Il est temps de prendre des mesures décisives pour mettre un terme à cette pratique illégale et préserver l’avenir de l’industrie du cacao dans la région.