Au Nigeria, le secteur agricole, qui représente 22,7 % du PIB et emploie environ 34 % de la population active, est gravement menacé par l’insécurité persistante. Cette situation compromet non seulement la modernisation du secteur, mais aussi la sécurité alimentaire du pays. Pour y remédier, le gouvernement nigérian intensifie ses efforts, notamment à travers un partenariat innovant entre le Centre national de lutte contre le terrorisme (NCTC) et l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA). Un protocole d’accord a été signé le 23 mai pour piloter un projet de réhabilitation et de réintégration des anciens combattants et des communautés affectées par les conflits.
Ce projet, soutenu par l’Union européenne, la République tchèque et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sera initialement déployé dans les États de Zamfara et Gombe. Il prévoit la création de 5 000 agro-entreprises et une augmentation de 60 % des revenus pour 50 000 bénéficiaires. Cela sera réalisé grâce à des formations techniques, un soutien à l’inclusion financière et un meilleur accès aux entrants agricoles.
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Le contexte de ce projet est marqué par une insécurité généralisée qui affecte entre 120 et 150 millions de personnes au Nigeria, selon les autorités. Ce fléau, qui prend diverses formes, impacte particulièrement l’agriculture, l’un des secteurs les plus vulnérables du pays. Les attaques de groupes djihadistes, le banditisme rural et les conflits entre agriculteurs et éleveurs forcent des milliers de producteurs à abandonner leurs terres, perturbant ainsi les cycles de production et notamment les surfaces cultivables.
Depuis 2016, l’insécurité dans les zones rurales nigérianes n’a cessé de croître. Malgré les efforts du gouvernement, la situation persiste, avec des affrontements entre agriculteurs et éleveurs signalés dans 31 États, des enlèvements dans 10 États et une augmentation des vols de récoltes dans 20 États. Le banditisme et le vol de bétail sont également des problèmes récurrents. Selon le Rapport national sur la performance agricole de la saison humide 2024, publié par le Service national de vulgarisation agricole et de liaison pour la recherche (NAERLS), 2,1 millions d’hectares de terres agricoles sont inexploitables dans le nord du Nigeria en raison de l’insécurité. Les États les plus touchés sont le Niger, Zamfara, Borno, Katsina et Benue.
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Dans certaines régions, des zones autrefois productives sont désormais classées à haut risque, limitant l’accès aux entrants, aux marchés et aux services de vulgarisation. Cette situation a entraîné une baisse de la production de denrées agricoles essentielles, telles que les céréales, menaçant ainsi la sécurité alimentaire du pays. Ce projet de réhabilitation et de réintégration représente donc une étape cruciale pour restaurer la stabilité et la prospérité dans les communautés rurales nigérianes.
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