La Tanzanie poursuit sa marche vers la transformation digitale en amorçant une nouvelle étape dans la modernisation de son secteur agricole. Contribuant à hauteur de 23 % au produit intérieur brut (PIB) et employant près des deux tiers de la population active, l’agriculture constitue un pilier central de l’économie tanzanienne.
Présentée le mercredi 16 juillet par le ministre de l’Agriculture, Hussein Bashe, lors d’un événement tenu au Centre d’innovation agricole de Mtanana, la plateforme vise à connecter efficacement les producteurs agricoles aux services d’appui technique, y compris dans les zones rurales les plus reculées du pays. Accessible également via une application mobile, e-Kilimo permettra aux agriculteurs de localiser les agents de vulgarisation disponibles dans leur région, de les contacter directement et de bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Elle offrira également un registre des vendeurs d’intrants agricoles autorisés, afin de contrôler les réseaux de distribution et de lutter contre la commercialisation de produits contrefaits, un fléau qui affecte la qualité et la sécurité des productions agricoles.
En complément, e-Kilimo prévoit la mise en place d’un système d’évaluation annuelle des agents de vulgarisation. Ces derniers devront remplir un formulaire de performance qui servira à mesurer l’efficacité de leurs interventions, à identifier d’éventuelles failles et à renforcer la responsabilité dans la prestation des services agricoles publics. Il s’agit là d’un outil de gouvernance et de transparence destiné à renforcer la qualité du service et la redevabilité des acteurs impliqués.
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Cette initiative s’intègre dans le programme national de transformation numérique du secteur agricole, mené en partenariat avec les Nations unies et financé par l’Union européenne à hauteur de 3 millions de dollars. Le programme mise sur l’utilisation des données en temps réel, la création de plateformes mobiles d’accès aux marchés et la mise en œuvre de formations numériques ciblées à l’intention des producteurs, techniciens et agents de terrain. Il incarne la volonté du gouvernement tanzanien d’optimiser l’allocation des ressources, de rationaliser les interventions publiques et d’améliorer la productivité agricole nationale par une approche technologique intégrée.
Cependant, ce virage numérique soulève des inquiétudes quant à son accessibilité effective, notamment dans les zones rurales où l’usage d’Internet et des smartphones demeure limité. D’après les chiffres de l’Union internationale des télécommunications (UIT), seuls 31,9 % des Tanzaniens disposent d’un accès à Internet, ce qui signifie qu’une large majorité de la population reste encore en marge de la révolution numérique. Cette fracture numérique pourrait freiner l’adoption de la plateforme e-Kilimo, particulièrement dans les zones où vivent plus de 75 % des Tanzaniens, selon les estimations de la FAO. Dans ces régions, l’agriculture et les activités connexes constituent la principale source de revenus et de sécurité alimentaire.
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Malgré ces défis, les autorités affichent leur détermination à faire du numérique un levier stratégique pour dynamiser le secteur agricole. Dans un pays où l’accès aux conseils techniques reste souvent limité, l’e-agriculture apparaît comme une solution prometteuse pour diffuser les bonnes pratiques, mieux orienter les investissements et structurer les chaînes de valeur. Si le pari de l’accessibilité est relevé, e-Kilimo pourrait s’imposer comme un modèle régional en matière de services agricoles intelligents, inclusifs et pilotés par les données.
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