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À Marseille, un sommet décisif pour l’adaptation climatique entre l’Europe et l’Afrique

Face à l’évidence du réchauffement climatique, le Sommet Climate Chance Europe-Afrique 2025, qui s’est tenu à Marseille, a marqué une étape majeure dans la mobilisation des territoires, des institutions et des sociétés civiles autour de l’adaptation. À quelques mois de la COP30, l’enjeu n’est plus de convaincre, mais d’agir.

par AfriVe

« Le dérèglement climatique n’est plus une prophétie. » Les mots de Benoît Payan, maire de Marseille, résonnent comme une alerte ferme dans le grand amphithéâtre du Palais du Pharo. Inondations, sécheresses, canicules extrêmes, incendies : les manifestations du réchauffement climatique s’imposent désormais comme une constante du quotidien. Dans ce contexte, l’adaptation est devenue non seulement une urgence, mais une obligation.

Le Sommet Climate Chance Europe-Afrique, coorganisé par la Ville de Marseille et l’association Climate Chance, a réuni plus de 1 500 participants venus de plus de 40 pays. Chercheurs, élus locaux, représentants d’ONG, ministres, experts du climat, jeunes militants : tous ont répondu présents pour construire, dans un esprit de collaboration, les fondations d’un nouvel agenda de l’adaptation climatique entre deux continents inextricablement liés.

L’adaptation, pilier d’une stratégie climatique réaliste

Alors que l’année 2024 a marqué un franchissement symbolique et préoccupant – la température moyenne mondiale a dépassé pour la première fois les +1,5 °C – les regards se tournent désormais vers la barre des +2 °C, de plus en plus probable d’ici 2050. Face à cette perspective, le sommet s’est voulu un espace d’élaboration collective de réponses concrètes, à l’image du futur Plan d’action pour l’adaptation, qui sera transmis aux institutions européennes d’ici mai.

Dans son discours d’ouverture, Ronan Dantec, président de Climate Chance et sénateur de Loire-Atlantique, a appelé à une double dynamique : « Il ne s’agit plus de dissocier adaptation et atténuation. L’une ne va pas sans l’autre. Et c’est ensemble qu’Europe et Afrique doivent agir. » Une logique de solidarité climatique et de coresponsabilité, dans laquelle Marseille se veut exemplaire. Membre du programme européen « 100 villes climatiquement neutres d’ici 2030 », la cité phocéenne développe des solutions de résilience urbaine – végétalisation, réduction des consommations énergétiques, restauration des herbiers marins – qu’elle revendique comme transposables et inspirantes.

Une Déclaration de Marseille au service de l’action internationale

Au terme de deux jours de travaux, une Déclaration de Marseille a été adoptée, fruit d’un processus collaboratif inédit réunissant réseaux de collectivités, peuples autochtones, chercheurs et ONG. Elle formule des recommandations opérationnelles, destinées à nourrir les négociations climatiques internationales, notamment à la COP30 de Belém en 2025.

Le texte insiste particulièrement sur la nécessaire coopération scientifique entre l’Europe et l’Afrique, la transparence des données climatiques, le soutien aux solutions fondées sur la nature – comme la restauration de mangroves ou la revalorisation des savoirs traditionnels –, ainsi que sur l’adaptation des logements et infrastructures urbaines, avec une attention particulière aux quartiers informels et aux femmes, premières impactées par les effets du climat.

La question du financement, centrale, y est traitée sans ambiguïté : sans accroissement massif des ressources, publiques comme privées, l’adaptation restera un vœu pieux. Le sommet appelle à des solutions innovantes et inclusives, fondées sur les droits humains et la justice climatique.

Construire une gouvernance décentralisée et inclusive

Autre pilier structurant du sommet : la reconnaissance du rôle stratégique des collectivités territoriales, notamment africaines. Le sommet souligne la nécessité de renforcer leurs capacités décisionnelles, d’accroître leur accès aux financements et de consolider les coopérations décentralisées. « Il n’y aura pas d’adaptation réussie sans ancrage local », affirme un représentant de CGLU Afrique. La diversité des territoires impose des réponses différenciées, pensées depuis le terrain, et adaptées à leurs vulnérabilités spécifiques.

De ce point de vue, l’exemple marseillais est présenté comme un modèle de gouvernance locale volontariste, mais surtout comme un appel à la mise en réseau. C’est dans cet esprit qu’a été lancée l’Alliance des villes francophones pour le climat, dans la continuité de la Convention des maires pour l’Afrique subsaharienne.

Entre urgence et espoir, une dynamique à amplifier

Présent lors de la première journée du sommet, Thani Mohamed-Soilihi, ministre délégué chargé de la Francophonie, a tenu à rappeler l’engagement de la France pour le climat et le développement, tout en évoquant son île natale, Mayotte, récemment ravagée par le cyclone Chido. « Ce sommet est un signal fort. Nous devons répondre à la promesse d’un monde vivable pour nos enfants. »

Au-delà des discours, c’est bien une dynamique de fond qui semble émerger. Le sommet de Marseille ne prétend pas avoir résolu la crise, mais il marque un tournant : celui d’une prise de conscience partagée, d’une volonté de construire des alliances, de mutualiser les connaissances et d’agir au plus près des populations. La suite se jouera à Belém, mais aussi dans chaque ville, chaque territoire, chaque écosystème.

L’Afrique et l’Europe, si elles parviennent à conjuguer leurs efforts, peuvent non seulement affronter le défi climatique, mais aussi redéfinir les contours d’un nouveau pacte de solidarité, respectueux des peuples, de la biodiversité et des droits fondamentaux.

Lire la déclaration de Marseille

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