Le Dr Franck Arnaud Ndorukwigira, médecin et directeur adjoint de l’hôpital régional de Gitega, évoque avec émotion des souvenirs difficiles de coupures d’électricité durant des interventions chirurgicales. « Un jour, lors d’une laparotomie pour une pelvis péritonite, nous avons dû terminer l’opération à la lumière d’une lampe torche. C’était éprouvant », se remémore-t-il. Avant l’arrivée de la centrale de Rusumo, l’hôpital était contraint de recourir à des générateurs diesel, ce qui compliquait son fonctionnement et le forçait à réduire ses dépenses en carburant pour investir dans d’autres priorités médicales.
Depuis quelques mois, cette situation a radicalement changé. La centrale hydroélectrique de Rusumo, financée à hauteur de 340 millions de dollars par la Banque africaine de développement et d’autres partenaires, fournit désormais une électricité fiable. Ce projet, qui inclut des lignes de transport d’énergie, permet à l’hôpital de Gitega de se concentrer sur l’amélioration de ses services.
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Avec une alimentation électrique stable, l’hôpital a pu installer une unité de production d’oxygène et acquérir de nouvelles couveuses pour son service de néonatalogie. Ces équipements sont essentiels pour prendre en charge des bébés prématurés. « L’impact est palpable », déclare Dr Ndorukwigira, citant un cas récent où des triplés prématurés ont pu être sauvés grâce à ces nouvelles installations.
Ezéchiel Bagayuwitunze, coordinateur du projet au Burundi, souligne que la centrale a également considérablement amélioré la qualité de l’approvisionnement électrique dans la région de Gitega, qui souffrait auparavant de délestages fréquents et de chutes de tension. « Les nouvelles lignes de transport permettent une meilleure desserte des populations », se réjouit-il.
L’impact de ce développement énergétique s’étend au-delà des établissements de santé. Les petites entreprises locales et les ménages bénéficient également de cette amélioration, ce qui stimule l’économie régionale. Des projets d’extension des lignes électriques sont en cours pour atteindre davantage de zones rurales, favorisant une croissance inclusive.
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Jean Barakamfitiye, ingénieur en charge des postes électriques de Gitega et Muyinga, souligne l’importance de cette transition vers l’hydroélectricité pour un avenir plus durable. « Nous visons un Burundi développé en 2040 et riche en 2060. Le projet Rusumo sera un pilier pour atteindre ces objectifs », affirme-t-il.
Enfin, la mise à l’arrêt d’une centrale thermique à fuel de 30 mégawatts a non seulement réduit la dépendance aux énergies fossiles, mais a également permis d’économiser deux millions de dollars par mois en coûts de combustible. Cette transition vers une énergie plus propre marque un tournant significatif dans la lutte contre le changement climatique et l’amélioration des conditions de vie au Burundi.