L’eau est essentielle au monde minéral, végétal et animal. Le secteur agricole, domaine d’étude de l’école d’ingénieurs agronomes UniLaSalle, est particulièrement touché par la crise de l’eau. L’association No Water No Us a permis à 9 étudiants de 4e année i-SAFE (ingénieur agronome en parcours international), de se rendre en Algérie en mai 2024, pour travailler sur ce lien, dans une exploitation traditionnelle basée à Tissilouine – El-Kseur, dans la wilaya de Bejaïa, et qui vend notamment la marque « L’autre Huile ».
La relation entre l’eau et les oliviers est primordiale ; sa qualité et sa quantité ont une incidence directe sur la croissance de l’arbre et la qualité des fruits. La relation entre l’eau et les oliviers est comme une amitié. À certaines périodes de la vie, l’eau est nécessaire pour assurer la croissance. À d’autres moments, l’eau peut avoir un impact négatif. La qualité de l’eau affecte les oliviers et donc les olives. L’olivier peut être remplacé par un individu, un village, une ville, un pays, un continent ou par toute l’humanité… et cela marche. Maîtriser l’eau est la seule garantie pour mieux vivre.
En Algérie, l’histoire de l’olivier remonte à plusieurs millénaires. L’olive est un fruit apprécié des espèces migratrices. Les noyaux sont libérés dans les fientes, ce qui a contribué à la diffusion de l’olivier dans toute la Méditerranée. Ce sont les oiseaux migrateurs qui ont propagé l’olivier. Arrivées en Algérie, les graines ont trouvé un environnement favorable, devenant l’une des cultures les plus emblématiques. En Algérie, l’agriculture et l’industrie agroalimentaire revêtent une grande importance pour l’économie nationale. La production d’huile d’olive a un impact majeur sur la vie sociale, économique et culturelle, en particulier en Kabyle. L’Algérie possède un patrimoine oléicole très riche et une structure variétale très productive, avec plus de 63 variétés locales dans la région kabyle, selon l’Institut Technique de l’Arboriculture Fruitière et de la Vigne (ITAFV). Comme on dit localement en Kabyle « Un olivier ne meurt que si on le tue ».









Lisa, Veishavee, Maïwenn, Emilia, Anandita, Gabriel, Jordan, João et Mikail : 8 nationalités réunies autour de la mission UniLaSalle For Water, pour comprendre l’impact de la production de l’huile d’olive sur l’environnement et trouver des solutions pour y remédier. Plusieurs propositions ont émergé, comme la valorisation de l’huile de grignon en cosmétique, l’utilisation du grignon pour fabriquer des aliments pour animaux, notamment pour poissons, ou encore la transformation du grignon en bioplastiques pour l’emballage. Toutes les possibilités ont été étudiées et analysées pour déterminer plusieurs aspects tels que la faisabilité, les exigences financières, l’étude de marché et la durabilité.
La parole est aux étudiants.
« Vous pouvez tuer votre voisin, mais jamais un olivier ! Comment oublier cette phrase qui montre l’amour profond des Kabyles pour ces arbres. Dans toute activité agricole, le rapport à l’eau est plus qu’important. En étant là-bas, j’ai compris ce que signifie préserver l’eau. Nous avons pu être témoins de plusieurs situations de stress hydrique, sous divers angles, ce qui m’a fait prendre conscience de l’importance de m’investir davantage dans ce sujet. » Emilia Springall – Mexique.
« Ce projet m’a révélé la relation vitale entre l’eau et l’oléiculture. Dans les champs visités, chaque goutte est essentielle pour les oliviers centenaires, et chaque résidu doit être géré pour préserver les nappes phréatiques et la santé du sol. Travailler aux côtés des producteurs locaux a donné un sens concret à mes études : calculer les besoins en irrigation, le recyclage des margines, transformer des contraintes en solutions durables. » Jordan Noutchogouin – Cameroun
« « Nous avons fait de l’eau toute chose vivante » (Sourate 21 Verset 30). J’ai pris conscience de cette parole en parcourant les champs d’oliviers de la région de Bejaïa. En tant que futur ingénieur agronome, préserver notre EAU est primordial face à la pression climatique. Cette mission m’a permis de rencontrer des frères et sœurs de l’EAU, qui se battent pour le même objectif : optimiser notre utilisation hydrique pour un monde durable. » Mikaïl Tatlidede – France / Turquie.
En plus des rencontres avec la chambre d’agriculture locale, des experts nationaux et internationaux, et du PASA (Programme Européen d’Appui au Secteur Agricole en Algérie), les étudiants ont mené une action citoyenne. Ils se sont rendus dans la forêt d’Akfadou, un massif forestier de plus de 10 000 hectares à cheval entre les wilayas de Béjaïa et Tizi-Ouzou, et riche d’une incroyable biodiversité. On y trouve plusieurs lacs de montagne, le plus important étant le lac Noir (Agoulmime Aberkane, 1 262 mètres, 10 hectares), mais aussi le lac Alsous à 581 mètres d’altitude, dans la commune de naissance du fondateur de l’ONG No Water No Us.
Pour garder ce plaisir durable, nous avons des obligations envers notre planète ; alors direction le lac Ouroufal, à une altitude de 1087m et avec une superficie de 1,4 hectares, pour une session de ramassage de déchets. Aucun réseau téléphonique, encore moins de connexion internet, et pourtant la pollution était bien là. La pression anthropique d’un tourisme débridé, en constante augmentation, génère de multiples formes de pollution qui menacent ces biotopes.
Comme le dit le proverbe mexicain, « le sourire est le même dans toutes les langues ». Avec le sourire, les étudiants ont crié No Water No Us à travers une vidéo, en portugais, arabe, espagnol, hindi, créole, amazigh, français et anglais ; un appel des profondeurs depuis le Lac Ouroufal en Algérie et vers le monde entier : L’EAU EST LA VIE, donc PAS D’EAU PAS NOUS !
« Nous retenons de ce voyage un pays fabuleux, des habitants systématiquement accueillants et souriants, des paysages à couper le souffle avec une histoire, de chaque monument, délicieuse pour les yeux et les oreilles, pour mieux se plonger dans la richesse de la culture algérienne. C’est la tête pleine de souvenirs et de nouvelles clés pour agir que les étudiants, tous devenus ambassadeurs No Water No Us, sont rentrés poursuivre leur formation à Rouen et ailleurs. » ●
Malek Semar
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