Le secteur agricole, pilier de l’économie kényane, représente 21 % du PIB du pays et emploie environ un tiers de la population. Pourtant, il demeure extrêmement vulnérable aux effets du changement climatique. Les inondations de 2024 ont notamment ravagé près de 64 000 hectares de terres agricoles, mettant en lumière l’urgence d’outils de protection efficaces pour les agriculteurs.
C’est dans ce contexte que le 21 juillet, Tom Dienya, directeur des données et statistiques agricoles, a révélé le lancement d’un programme pilote d’assurance climatique intégré à la subvention d’engrais. Déployé dans 11 comtés parmi lesquels Makueni, Kisii, Meru, Kakamega et Nakuru ce mécanisme prévoit une couverture d’assurance d’une valeur de 7 000 shillings kenyans (environ deux sacs d’engrais) pour chaque agriculteur enregistré dans la base de données nationale KIAMIS.
Ce système repose sur une assurance indexée innovante, utilisant des données satellitaires, des mesures pluviométriques et des observations au sol pour surveiller les conditions météorologiques. En cas de sécheresse ou d’inondation avérée, les indemnisations sont automatiquement versées sur le portefeuille mobile de l’agriculteur, sans qu’il ait besoin de faire une déclaration de sinistre.
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Le projet est mené en partenariat avec plusieurs acteurs privés de premier plan : Pula Advisors, la Fondation Bayer, la Lemonade Foundation, SOMPO Digital Lab et la société Etheric. Une coalition qui allie expertise technologique, financements innovants et connaissance du terrain.
« Ce programme vise à démocratiser l’accès à l’assurance agricole, en particulier pour les femmes et les jeunes qui sont souvent les plus vulnérables face aux pertes de récolte », a expliqué Mildred Nadah Pita, responsable des affaires publiques chez Bayer. Actuellement, moins de 5 % des agriculteurs kényans ont accès à une forme d’assurance. Ce programme pourrait ainsi changer la donne à grande échelle.
Cette avancée s’inscrit dans une stratégie plus large du Kenya pour renforcer la résilience de son secteur agricole. En parallèle, le pays a obtenu un financement de 126 millions de dollars du Fonds international de développement agricole pour soutenir le Programme intégré de gestion des ressources naturelles (INReMP), axé sur la gestion durable des terres et de l’eau sur huit ans. Un autre projet, doté de 50 millions de dollars principalement financés par le Fonds vert pour le climat a été lancé pour promouvoir les pratiques agricoles climato-intelligentes dans 14 comtés de l’ouest du pays.
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En intégrant l’assurance dans son dispositif de subvention d’intrants agricoles, le Kenya montre la voie à d’autres pays africains confrontés aux mêmes défis. Cette mesure innovante pourrait bien devenir un modèle de politique publique pour renforcer la sécurité alimentaire tout en adaptant les systèmes agricoles aux nouvelles réalités climatiques.
Avec ces réformes ambitieuses, le Kenya s’affirme comme un acteur proactif dans la transition vers une agriculture durable, inclusive et résiliente. Une avancée cruciale, alors que le continent africain, et en particulier ses agriculteurs, sont en première ligne face aux bouleversements environnementaux.
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