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Le Nigeria interdit l’exportation de noix de karité pour stimuler son industrie locale

Depuis le 27 août 2025, l’exportation de noix de karité sous forme brute est interdite pour une période de six mois, selon un communiqué publié par le gouvernement nigérian. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une politique visant à valoriser la chaîne de transformation locale et à stimuler l’industrialisation du secteur du karité.

par Patricia Angonemane

Considéré comme le premier producteur mondial de karité, le Nigeria prend des mesures audacieuses pour dynamiser son secteur agroalimentaire et renforcer sa position sur le marché mondial. Le vice-président du Nigeria, Kashim Shettima, a précisé que cette mesure vise à garantir un approvisionnement constant en matières premières pour les usines de transformation locales, dont la capacité reste largement sous-exploitée. En effet, selon les chiffres officiels, moins de 50 % des capacités de transformation installées, évaluées à 160 000 tonnes, sont actuellement utilisées. Le gouvernement entend ainsi sécuriser la production locale et encourager la transformation du karité sur le sol nigérian.

« Le Nigeria produit près de 40 % des produits mondiaux du karité, mais nous ne représentons que 1 % de la part de marché, évaluée à 6,5 milliards de dollars. C’est inacceptable. Nous projetons de générer environ 300 millions de dollars par an à court terme, et d’ici 2027, nous visons une multiplication par 10 de ce chiffre », a déclaré le vice-président. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie à long terme visant à renforcer l’industrialisation du secteur, à augmenter la valeur ajoutée locale et à accroître les revenus du pays.

Avec cette décision, le Nigeria s’aligne sur une dynamique régionale déjà amorcée dans l’Afrique de l’Ouest. Depuis l’année dernière, plusieurs pays producteurs ont pris des mesures similaires pour restreindre ou suspendre les exportations de la matière première. En septembre 2024, le Burkina Faso a été le premier à imposer une telle interdiction, suivi par le Mali un mois plus tard. D’autres pays comme la Côte d’Ivoire et le Togo ont également rejoint cette initiative, dans l’espoir de stimuler la transformation locale et de valoriser davantage cette ressource précieuse sur le continent.

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L’interdiction de l’exportation de noix de karité brute vise ainsi à renforcer la compétitivité des entreprises locales, tout en encourageant les investissements dans le secteur agroalimentaire. Selon les experts, la transformation du karité à l’échelle locale permettrait non seulement de créer des emplois et d’améliorer les conditions de vie des producteurs, mais aussi de maximiser les bénéfices économiques pour les pays producteurs, tout en répondant à la demande croissante des marchés internationaux pour des produits finis à valeur ajoutée.

Le karité, utilisé principalement dans la fabrication de cosmétiques, de produits pharmaceutiques et d’aliments, est une ressource stratégique pour de nombreux pays africains, et particulièrement pour le Nigeria, où il constitue un moteur clé pour le développement économique de certaines régions rurales. En interdisant l’exportation de noix brutes, le gouvernement nigérian espère également réduire la pression sur l’environnement en encourageant des pratiques de transformation plus durables et localisées.

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Si cette mesure soulève des interrogations chez certains acteurs économiques, notamment en ce qui concerne les impacts immédiats sur les exportations, elle s’inscrit dans une volonté globale de renforcer la souveraineté économique des pays africains et de maximiser les retombées financières de l’exploitation de leurs ressources naturelles. À court terme, le Nigeria espère que cette initiative contribuera à redresser le secteur du karité en augmentant les capacités de transformation locales et en améliorant la compétitivité de l’industrie sur le marché mondial. En parallèle, les autorités nigérianes travaillent à la mise en place de structures de soutien pour accompagner les producteurs dans cette transition vers une filière plus industrialisée et plus rentable.

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