Alors que l’année 2024 s’est soldée par une baisse des expéditions d’agrumes, les producteurs sud-africains affichent des ambitions à la hausse pour les années à venir. L’Association sud-africaine des producteurs d’agrumes (CGA) a annoncé son objectif d’atteindre 260 millions de cartons expédiés d’ici 2032, soit une progression de 58 % par rapport aux volumes actuels. Cette cible, présentée par Boitshoko Ntshabele, président du conseil d’administration de la CGA, illustre la volonté de l’industrie de renouer avec une dynamique de croissance sur le marché mondial.
Pour y parvenir, la filière insiste sur deux axes jugés essentiels : l’accès renforcé aux marchés internationaux et l’amélioration des infrastructures logistiques. Sur le volet commercial, les perspectives sont freinées par une série de barrières tarifaires et réglementaires. Aux États-Unis, le projet d’augmentation des droits de douane porté par l’administration Trump crée un climat d’incertitude, tandis que l’Inde et la Chine imposent respectivement des taxes de 30 % et d’autres restrictions freinant l’accès aux consommateurs asiatiques. L’Union européenne, principal client de l’Afrique du Sud, a pour sa part réduit ses importations d’oranges de près de 30 % en un an, conséquence directe de différends sanitaires et phytosanitaires qui durent depuis 2022.
Face à cette conjoncture défavorable, la diversification des débouchés devient une priorité stratégique pour les acteurs du secteur. Elle devra s’accompagner d’une modernisation urgente des chaînes logistiques. Selon une étude du Bureau pour les politiques alimentaires et agricoles (BFAP), les inefficacités du système de transport ont causé des pertes estimées à 5,2 milliards de rands, soit près de 300 millions de dollars. Des ports engorgés, des routes dégradées et un réseau ferroviaire en déclin nuisent aux exportations et mettent en péril la compétitivité de l’ensemble de la filière.
Les professionnels réclament donc une action gouvernementale plus soutenue, en particulier une collaboration effective entre les ministères de l’Agriculture et des Transports. Une coordination jugée indispensable pour que les réformes structurelles voient enfin le jour et permettent à l’industrie d’exploiter pleinement son potentiel. Malgré les obstacles, la CGA anticipe déjà une reprise modeste pour la campagne 2025, avec une croissance de 4 % des exportations attendues à hauteur de 171 millions de cartons, soit environ 2,56 millions de tonnes.
Dans un contexte global incertain, l’Afrique du Sud mise sur une meilleure synergie public-privé pour tirer parti de sa position de deuxième exportateur mondial d’agrumes et bâtir une trajectoire durable pour les années à venir.
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