Lors d’une récente interview accordée à Radio France Internationale (RFI) le 24 février, Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre ivoirien de l’Agriculture et du Développement rural, a annoncé que l’objectif d’autosuffisance en riz serait désormais fixé à la fin de l’année 2026, marquant ainsi un recul d’une année par rapport à l’objectif précédent de 2025.
Malgré ce report, le ministre Adjoumani a exprimé un optimisme prudent, mettant en avant une augmentation significative de la production de riz en Côte d’Ivoire. En effet, la production a progressé de 900 000 tonnes entre 2010 et 2015 à 1,3 million de tonnes en 2023, et devrait atteindre 1,55 million de tonnes en 2024 grâce à des investissements dans des semences améliorées et des infrastructures hydroagricoles.
« C’est un devoir pour nous, nous en avons les moyens et les hommes. Alassane Ouattara nous a donné des instructions fermes de produire pour les Ivoiriens et, si possible, de faire en sorte que l’excédent de production soit exporté », a déclaré M. Adjoumani.
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Cependant, la route vers l’autosuffisance n’est pas sans obstacles. La consommation de riz par habitant a augmenté de 20 % au cours de la dernière décennie, atteignant actuellement 84 kg par an selon le Département américain de l’Agriculture (USDA). Les autorités estiment qu’il faudrait 2,1 millions de tonnes pour atteindre l’autosuffisance, alors que l’USDA évalue la consommation à près de 2,5 millions de tonnes, tandis que la FAO l’estime à 2,8 millions de tonnes.
En 2023/2024, la Côte d’Ivoire était le deuxième importateur de riz d’Afrique, avec 1,6 million de tonnes importées, principalement d’Inde, du Vietnam, du Pakistan et de Thaïlande. Les importations de riz ont coûté plus de 722 millions de dollars en 2023, selon des données compilées sur la plateforme Trade Map.
Pour répondre à ces défis, plusieurs experts soulignent que la production nationale devra augmenter de près de 55 % d’ici 2026 pour satisfaire la consommation locale. Cette déclaration s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle « Stratégie de développement de la filière riz (SNDR 2) », annoncée par le gouvernement en juillet dernier. Cette stratégie prévoit un investissement global de 1,3 milliard de dollars entre 2024 et 2030.
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La première phase de cette initiative, d’un coût de 546 millions de dollars, s’étendra de 2024 à 2027, tandis que la seconde phase, qui nécessitera 770,7 millions de dollars, couvrira la période de 2028 à 2030. L’objectif est d’atteindre une production de 3,2 millions de tonnes de riz blanchi d’ici 2030, en augmentant les superficies cultivées, en améliorant la gestion de l’eau et en optimisant les rendements.
En somme, bien que la Côte d’Ivoire ait reporté son objectif d’autosuffisance en riz, les efforts en cours et la stratégie mise en place témoignent d’une volonté de réduire la dépendance alimentaire et de renforcer la sécurité alimentaire dans le pays.