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Un insecte importé des États-Unis au secours du lac Ossa

by AfriVe
Salvinia Molesta

Au centre du Cameroun, de jeunes bénévoles se battent pour sauver l’un des plus grands lacs du pays menacés par une fougère appelé Salvinia Molesta. Cette plante aquatique originaire du Brésil occupe aujourd’hui plus de la moitié du lac Ossa soit plus de 2000 hectares éloignant ainsi des populations de lamantins dont il est le réfuge. Les 12 villages situés aux larges de ce lac subissent de plein fouet, les effets de cet envahisseur. Les voies de navigation sont encombrées et les pêcheurs enregistrent une baisse de 80% de leurs activités. Pour stopper la progression fulgurante de la salvinia molesta, une équipe de jeunes volontaires mène des études depuis 5 ans sur ce site. Après l’échec de la méthode manuelle, les bénévoles de l’African Marine Mammal Conservation organization ont décidé d’introduire un insecte prédateur naturel de la salvinia molesta. Il s’agit de la Salvinia weevil importée des Etats-Unis. Depuis juillet des espèces de salvinia Weevil sont introduites dans le lac Ossa. Cet insecte représente aux yeux de plusieurs scientifiques la meilleure chance de sauver le lac Ossa d’une mort certaine.

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Ses feuilles larges et profonde recouvrent plus de 2500 hectares sur les 4 507 que compte le lac Ossa. Cette étendue d’eau réputée être un refuge d’espèces rares comme le lamantin subit une progression fulgurante de la salvinia molesta. « Nous avons constaté que cette plante double de biomasse tous les 7 à 10 jours », explique Eddy NNanga coordonnateur d’une équipe de scientifiques bénévoles qui surveillent de près l’évolution de la salvinia molesta sur le lac Ossa. En 2018, son équipe et lui sont les premiers à constater l’envahissement du lac par cette plante invasive. « Nous avons tenté d’arracher cette plante à la main sans succès. Nous avons donc commencé à nous documenter sur son évolution », confie Eddy Nnanga. Situé à Dizangué dans la Sanaga maritime, Région du littoral, le lac Ossa est composé de 22 îlots transformés en campements de pêcheurs. Des habitants qui ont modifié leurs habitudes de vie depuis l’invasion à grand pas de cette plante qui empêche baignades comme à l’accoutumé. La pêche, activité phare de la localité, connait une chute drastique de 80 « nous avions une belle vie ici dans notre village. On pouvait se baigner tranquillement dans notre lac, attraper du poisson pour nourrir nos familles et faire du commerce. Mais aujourd’hui, c’est compliqué. Nous sommes obligés de pagayer difficilement sur plusieurs kilomètres en espérant trouver du poisson. Même pour se baigner c’est quasiment impossible. On rencontre cette plante partout dans l’eau. », explique Faustin Eboua, un pêcheur du coin.

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Le lac Ossa a la réputation d’être un refuge de populations de lamantins. « c’est la principale attraction des touristes ici », confie Eric Ebossé, un guide touristique de la région. Gourmande en oxygène et envahissant la surface du lac Ossa, la salvinia Molesta pousse les lamantins et les autres espèces marines à la migration. Si rien n’est fait pour empêcher à cette plante de gagner de l’espace dans les prochaines années, la reserve des lamantins va se vider de ses mammifères. Confie l’ingénieur halieutique Eddy NNanga de AMMCO

« il y a plusieurs années on venait souvent observer le dynamisme et le style de vie des lamantins. Ils y avait plus de 500 individus sur les 22 ilôts qui constituent le lac. Aujourd’hui, non seulement ils sont obligés de migrer mais nous ne sommes plus sûr de décompter le même nombre d’individus. Nous devons tout faire pour faire vivre de nouveau ce lac »

Salvinia weevil

La salvinia Weevil est un prédateur naturel de la salvinia molesta. L’ONG d’Eddy a trouvé du renfort aux Etats à l’université de Louisiane, où des études sont menées depuis plusieurs décennies sur la Salvinia molesta. « en 2019, nous avons importé 5000 individus de Salvinia Weevil des Etats-Unis. Malheureusement, 4500 ont péri à leur arrivée. Nous avons alors développé une culture hors sol de la salvinia molesta et introduit les 500 individus survivants qui aujourd’hui se sont multipliés », explique Eddy Nnanga. En juillet dernier, avec la permission du gouvernement camerounais, la salvinia weevil a été introduite dans une portion du lac Ossa. Comme en Afrique du Sud et en côte d’Ivoire cette association entend être victorieuse de la salvinia grâce à la salvinia weevil. « la salvinia weevil se nourrit des particules de la salvinia molesta. Cet insecte, offre aussi l’avantage de pondre ses œufs sur la partie où la plante bourgeonne stoppant ainsi sa progression » , explique Eddy. Après une phase de test de 3 à 6 mois, Eddy et son équipe pourront évaluer les résultats obtenus et envisager une dissémination à plus grande échelle de la salvinia weevil sur le lac Ossa.

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