Une enquête réalisée par El País/Planeta Futuro et publié au mois de mars a révélé plusieurs irrégularités dans l’attribution des titres de « conservation » et des marchés de crédits carbone en République Démocratique du Congo. L’enquête a mis en lumière des allégations selon lesquelles plusieurs millions d’hectares de concessions ont été illégalement réattribuées en 2020 et converties en projets de crédits carbone sans le contrôle du gouvernement. Parmi ces titres, ceux des portugais empiètent sur une zone protégée et des terres indigènes. Le boom des titres de « conservation » contrôlés par des investisseurs étrangers suscite des inquiétudes quant aux futurs abus potentiels en matière de compensation carbone.
L’enquête de sept mois publiée par El País/Planeta Futuro et Mongabay démontre que le gouvernement de la RD Congo n’a plus aucune visibilité sur les différents accords de concession et de conservation qu’il a octroyé à des entreprises étrangères. Le début de ce calvaire remonte à 2020 où 24 nouvelles concessions de conservation dans la deuxième plus grande forêt tropicale du monde ont été concédées à des investisseurs pour les marchés du carbone. Pourtant, la loi de la RDC exige que les promoteurs de concessions de conservation s’engagent formellement avec toutes les personnes concernées avant la signature des contrats. Après avoir récolté le bois le plus précieux des 15 concessions, la société portugaise Norsudtimber cherche maintenant à obtenir des investissements européens dans des projets de crédits carbones qu’elle exploitera sur ces anciens sites d’exploitation forestière. Une situation qui déplait aux autochtones dont les droits forestiers sont devenus quasi-inexistant.
En tant que locataires de concessions de conservation, des entités telles que KFBS sont chargées de protéger des écosystèmes précieux et les moyens de subsistance des populations. Les forêts tropicales de la RDC abritent des espèces menacées telles que les pangolins, les chimpanzés et les okapis. Elles régulent la température et le régime des pluies de toute la région, et leurs arbres stockent un tiers de carbone de plus. Mais les contrats de KFBS, d’une durée de 30 à 44 ans, semblent violer la loi de la RDC, qui exige que les concessionnaires présentent leurs plans financiers et techniques lors d’une réunion conjointe avec les fonctionnaires et les communautés locales, afin qu’ils puissent évaluer si le projet est admissible.