Le parlement ougandais a adopté un projet de loi approuvant la construction d’un pipeline controversé qui traversera des zones riches en biodiversité et déplacera des milliers de personnes. Les critiques disent que le projet de loi a été adopté à la hâte par le Parlement pour ouvrir la voie à un accord secret entre le gouvernement et le géant pétrolier français TotalEnergies, l’opérateur du pipeline. L’oléoduc de 3,5 milliards de dollars va parcourir 1 445 kilomètres du lac Mwitanzige en Ouganda jusqu’au port de l’océan Indien de Tanga en Tanzanie.
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Le 9 décembre dernier, le parlement ougandais a adopté un projet de loi autorisant la poursuite du controversé East Africa Crude Oil Pipeline (EACOP). Selon l’accord signé entre le géant pétrolier français TotalEnergies et le gouvernement ougandais les travaux liés à la construction du pipeline peuvent désormais commencer. Une décision qui fâche les populations qui seront déplacées involontairement. À côté d’eux, les petits agriculteurs, les opérateurs touristiques, les forestiers, les pêcheurs et autres acteurs de l’économie verte et le grand public pensent que leurs intérêts seront servis par le projet de loi EACOP. Ils affirment que la législation confère des pouvoirs à cet «accord du gouvernement » sur des secrets qui pourraient menacer l’environnement et les droits de l’homme.
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Un porte-parole du ministère de l’Énergie et du Développement minier a rejeté les affirmations selon lesquelles le projet de loi EACOP récemment adopté l’ avait été à la hâte par le Parlement, affirmant que « conformément au règlement intérieur du Parlement, le Comité disposait de 45 jours pour faire un rapport au Parlement. Le comité a examiné le projet de loi et engagé plusieurs parties prenantes concernées et publié des annonces publiques appelant à des notes de service. » Face à ce membre du gouvernement, Diana Nabiruma, responsable de la communication de l’Institut africain pour la gouvernance énergétique (AFIEGO) à Kampala, a déclaré que « le public n’avait eu que cinq jours pour commenter le projet. Il était difficile pour les communautés touchées de donner un consentement éclairé ». Certains législateurs ont également déclaré que l’adoption du projet de loi avait été précipitée, des sections importantes n’ayant été partagées qu’à la dernière minute. « Nous n’avons pas eu assez de temps pour examiner tous les éléments de ce projet de loi », a déclaré Kaaya Christine Nakimwero, députée du district de Kiboga, par lequel passera une partie du pipeline.
En avril, l’avocat Male Mabirizi avait demandé au ministère de l’Énergie et du Développement minier de rendre public l’accord avec le gouvernement en vertu de la loi sur l’accès à l’information, mais cela a été refusé au motif qu’il contenait des informations commerciales confidentielles.