L’exploitation de l’hydrogène vert en Afrique rencontre d’importants obstacles qui remettent en question sa viabilité et sa légitimité éthique. Parmi ces défis, les coûts de production élevés occupent une place centrale. En effet, la fabrication de l’hydrogène vert nécessite trois à cinq fois plus d’électricité verte que l’utilisation directe de l’énergie renouvelable produite. Les investisseurs expriment des inquiétudes quant aux risques d’impayés et aux incertitudes liées aux transactions avec les gouvernements locaux et les sociétés nationales.
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Un autre défi majeur réside dans l’absence de réglementation claire et d’infrastructures adéquates en Afrique. En Europe, la question de la catégorisation de l’hydrogène vert comme une énergie renouvelable reste floue, notamment lorsqu’il est produit dans des installations précédemment utilisées pour des énergies fossiles. Cette incertitude réglementaire entrave le développement de l’hydrogène vert en Afrique et crée un climat d’incertitude pour les investisseurs potentiels.
La question de l’exportation de l’hydrogène en provenance de l’Afrique soulève également des défis majeurs. Les coûts prohibitifs liés à sa production, son transport et son stockage rendent sa viabilité économique incertaine. De plus, le moyen de transport de l’hydrogène reste une question en suspens, avec des coûts de liquéfaction élevés et des avantages moins pratiques que le gaz naturel.
Un point crucial soulevé par certains observateurs est le risque d’exploitation néocoloniale des ressources africaines par les multinationales européennes, les leaders politiques et les élites locales. Les inquiétudes se concentrent sur la possibilité que les bénéfices économiques de l’hydrogène vert soient accaparés par une élite restreinte plutôt que d’être répartis de manière équitable, renforçant ainsi les inégalités existantes.
L’intérêt croissant de l’Europe pour l’hydrogène vert en Afrique suscite des critiques et met en évidence des contradictions entre les discours sur la transition énergétique et les actions réelles de l’Europe. Les importations massives de charbon en provenance d’Afrique du Sud vers l’Europe ont été multipliées par huit, révélant ainsi des priorités contradictoires. Certains remettent en question la légitimité éthique des Occidentaux et soulignent des préoccupations quant à un possible accaparement des ressources et à une distribution inéquitable des bénéfices.
Dans ce contexte, les investissements dans les énergies renouvelables en Afrique restent limités, en particulier dans le secteur de l’éolien en Afrique du Nord et en Afrique de l’Est. Malgré un potentiel considérable à exploiter, les projets concrets et les financements peinent à se concrétiser.
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L’expansion de l’hydrogène vert en Afrique est confrontée à des défis complexes qui nécessitent une attention particulière. Les coûts de production élevés, l’absence de réglementation claire, les contraintes liées à l’exportation et les préoccupations d’exploitation néocoloniale des ressources sont autant d’obstacles qui entravent sa pleine réalisation. Une approche stratégique et éthique est nécessaire pour surmonter ces défis et exploiter pleinement le potentiel de l’hydrogène vert en Afrique.