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La CEDEAO lance un fonds fiduciaire pour sécuriser les transactions énergétiques

Dans un contexte de demande électrique croissante de 6 % par an et de disparités marquées entre ses membres, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a annoncé, lors du premier Sommet de la Coopération énergétique en Afrique de l’Ouest (WA-ECS) à Lomé, son intention de créer un fonds fiduciaire pour sécuriser les transactions énergétiques transfrontalières.

by Habib Tizi

Kwawu Mensan Gaba, Directeur sectoriel Énergie Afrique de l’Ouest à la Banque mondiale, a mis en lumière les difficultés rencontrées dans la sous-région. Le Nigeria, fournisseur d’électricité pour plusieurs pays voisins comme le Togo, le Bénin et le Niger, a récemment exprimé son mécontentement face à l’accumulation d’arriérés de paiement. En août 2024, la Commission nigériane de Régulation de l’Électricité (NERC) a signalé des dettes significatives, avec le Bénin devant 3,15 millions de dollars à Para-SBEE et 4,46 millions de dollars à Transcorp-SBEE, tandis que le Niger devait 1,21 million de dollars à Mainstream-NIGELEC. Ces retards de paiement fragilisent les finances des entreprises énergétiques, notamment en Côte d’Ivoire, également fournisseur net dans la région.

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Ces tensions financières impactent directement la capacité d’investissement des fournisseurs dans l’entretien et l’expansion des infrastructures énergétiques, ralentissant ainsi l’ambition régionale de construire un marché énergétique intégré. Actuellement, les échanges transfrontaliers d’électricité en Afrique de l’Ouest ne représentent même pas 10 % de l’offre totale, un chiffre largement insuffisant pour répondre aux besoins croissants de la population et atteindre les objectifs d’intégration régionale.

Sediko Douka, Commissaire chargé de l’Énergie et des Mines de la CEDEAO, a souligné l’importance de ce fonds fiduciaire pour rassurer les fournisseurs et garantir une transition énergétique durable. « L’objectif est de créer un environnement où l’acheteur paie à échéance et où le producteur garantit la qualité et la disponibilité du service », a-t-il précisé. Ce fonds vise à garantir le paiement des factures aux producteurs d’énergie tout en attirant davantage d’investissements privés dans un secteur crucial pour la région.

La CEDEAO espère que ce mécanisme permettra de débloquer des projets structurants de son plan directeur des infrastructures énergétiques 2019-2033, qui prévoit 75 projets visant à électrifier l’Afrique de l’Ouest et à injecter 16 000 MW supplémentaires dans les réseaux. Environ 70 % de cette production devrait provenir des énergies renouvelables, principalement l’hydroélectricité, soutenue par le gaz naturel. Depuis 2020, 5 milliards de dollars ont déjà été investis dans le réseau.

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Cependant, ce projet ambitieux arrive à un moment où près de la moitié de la population ouest-africaine n’a toujours pas accès à l’électricité. Pour moderniser ses infrastructures et intégrer davantage d’énergies renouvelables, la région devra mobiliser environ 30 milliards de dollars d’ici 2030. Ce défi colossal nécessite une action concertée et des investissements soutenus pour garantir un avenir énergétique durable en Afrique de l’Ouest.

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