Alors que près de la moitié de la population d’Afrique subsaharienne reste privée d’accès à l’électricité, des initiatives innovantes émergent pour développer des solutions d’électrification durable sur le continent. C’est le cas au Bénin et au Sénégal, où l’ONG Nitidæ s’apprête à construire de nouvelles centrales biomasse, s’appuyant sur la valorisation des résidus agricoles locaux.
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Après le succès de sa première centrale pilote au Bénin, qui produit de l’électricité à partir de coques d’anacarde, Nitidæ va lancer la construction d’une seconde centrale, d’une capacité de 85 kW, fonctionnant cette fois-ci à partir de la valorisation de la balle de riz. Un projet soutenu par le programme BioStar, coordonné par le Cirad et financé par l’Union européenne, dans l’objectif de contribuer à la sécurité énergétique et alimentaire en Afrique de l’Ouest.
Cette nouvelle centrale béninoise, dont les travaux débuteront en avril 2024 pour une mise en service prévue en juillet, permettra à l’usine de transformation de riz DB FOODS de devenir autosuffisante en électricité. Au-delà de la production d’énergie verte, Nitidæ travaille également sur la valorisation des résidus de la centrale, notamment la balle de riz carbonisée, en biochar pour l’amendement des sols. Des protocoles de tests sont en cours d’élaboration avec des agriculteurs locaux afin d’étudier les bénéfices agronomiques de ce coproduit.
Parallèlement, une première centrale de production d’électricité par gazéification de la balle de riz est également en construction au Sénégal, dans la région de Saint-Louis. Portée par Nitidæ et son partenaire IED Invest, elle alimentera l’usine de transformation de riz DB FOODS située à Diama. Tout comme la centrale béninoise, elle devrait être opérationnelle dès juillet 2024 et permettre à l’usine de riz de devenir autonome en électricité.
« Grâce à ces centrales biomasse, nous contribuons à l’indépendance énergétique et à la transition verte des PME agroalimentaires de la région, tout en valorisant localement leurs résidus agricoles », se félicite Maël Batbie, directeur des opérations de Nitidæ.
Ces initiatives s’inscrivent dans un contexte où le potentiel solaire de l’Afrique subsaharienne reste encore largement sous-exploité. Malgré des conditions d’ensoleillement parmi les plus favorables au monde, le continent ne représente que 1% de la capacité solaire photovoltaïque installée à l’échelle mondiale. Plusieurs freins structurels freinent encore le déploiement massif du solaire en Afrique, comme la faiblesse des cadres réglementaires, le manque de financement adapté ou encore les défaillances des réseaux électriques.
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Néanmoins, l’essor de solutions décentralisées, comme les mini-réseaux solaires qui séduisent de plus en plus les entreprises et les particuliers en République démocratique du Congo ou au Bénin, montre que des solutions existent pour électrifier durablement le continent, en complément des initiatives biomasse portées par Nitidæ. Face à l’urgence de l’accès à l’électricité pour des millions d’Africains, ces innovations locales ouvrent ainsi la voie à une électrification verte et inclusive de l’Afrique subsaharienne.