La Zambie franchit a lancé un projet solaire Ilute, une centrale photovoltaïque de 32 MWc développée dans l’ouest du pays par un producteur indépendant d’électricité (IPP). Ce projet, dont le financement total s’élève à 26,5 millions de dollars, bénéficie d’un soutien structurant de la Banque africaine de développement (BAD), qui y voit un modèle de financement innovant et reproductible à l’échelle du continent.
Parmi ce financement, 8 millions de dollars sont apportés par le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA), géré par la BAD, tandis que le reste provient de partenaires privés et institutionnels, dont Serengeti Energy, Kwama Energy, EDFI Management Company et la Société néerlandaise de financement du développement (FMO).
« Le SEFA est fier d’être un partenaire catalytique clé du projet solaire Ilute, illustrant notre engagement à soutenir des solutions innovantes accélérant la transition énergétique de l’Afrique », a déclaré Daniel Schroth, directeur des énergies renouvelables du Groupe BAD, lors de la signature officielle du financement, le 19 juin au Forum africain de l’énergie au Cap.
Un modèle sans garanties souveraines et tourné vers l’intégration régionale
L’un des aspects les plus novateurs du projet est sa structure financière sans recours aux garanties souveraines, évitant ainsi de peser sur le budget public zambien. L’énergie produite sera vendue via un contrat d’achat d’électricité (PPA) signé avec GreenCo Power Services Ltd, négociant régional dans le cadre du Southern African Power Pool (SAPP), renforçant ainsi l’intégration énergétique régionale en Afrique australe.
Ce montage financier marque un tournant dans l’approche des projets énergétiques en Afrique, en démontrant qu’il est possible d’attirer des capitaux privés tout en protégeant la soutenabilité budgétaire des États.
Un fonds communautaire local de 15 millions $ : un pilier du développement inclusif
En complément du projet énergétique, un fonds communautaire local de 15 millions de dollars a été mis en place pour financer des projets de développement sélectionnés par les communautés locales elles-mêmes. Ce mécanisme est soutenu par un accord conclu avec le Fonds mondial pour la nature (WWF), qui prévoit notamment l’allocation annuelle de 1 % des revenus du projet au bénéfice direct des populations locales.
« Ce fonds donne aux communautés un pouvoir de décision inédit sur leur propre développement. Il permet une redistribution directe des bénéfices du projet et crée un fort sentiment d’appropriation locale », explique Mwansa Lungu, représentant communautaire dans la province de l’Ouest.
Alignement avec les priorités africaines et internationales
Le projet Ilute s’inscrit pleinement dans la stratégie énergétique nationale de la Zambie, tout en répondant aux objectifs du New Deal pour l’énergie en Afrique porté par la BAD et à l’initiative Mission 300 (M300) visant à moderniser les infrastructures énergétiques sur le continent.
« Ce projet illustre une convergence stratégique entre transition énergétique, inclusion sociale et innovation financière. Il démontre que l’Afrique peut attirer des financements responsables et durables en construisant des modèles réplicables », a conclu Akinwumi Adesina, président de la BAD.
Un exemple pour toute l’Afrique
La Banque africaine de développement considère le modèle mis en œuvre en Zambie comme une référence potentielle pour d’autres pays africains souhaitant mobiliser des financements privés dans le domaine des énergies renouvelables, sans hypothéquer leur équilibre budgétaire.
Avec le projet Ilute, la Zambie entend non seulement accroître sa capacité énergétique interne, mais aussi assumer un rôle moteur dans la coopération régionale et le développement durable, en plaçant les communautés locales au cœur de sa stratégie.
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