La République démocratique du Congo (RDC) a envoyé une mise en demeure à Apple, accusant la société d’utiliser des minerais provenant de sources présumées illégales dans ses produits électroniques. Cette action met en évidence la responsabilité des grandes entreprises tech dans les chaînes d’approvisionnement mondiales de minerais stratégiques, malgré les efforts consentis pour une meilleure traçabilité.
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La RDC, un pays riche en minerais stratégiques tels que le coltan, l’étain et le tungstène, estime que les mesures prises par Apple pour lutter contre le négoce des minerais de conflits sont insuffisantes. Selon les avocats mandatés par la RDC, Apple utilise des minerais provenant de sources présumées illégales dans ses équipements électroniques, notamment ceux achetés au Rwanda.
Les minerais 3T (étain, tungstène, tantale) utilisés par Apple seraient produits dans des mines congolaises où des droits de l’homme sont violés, puis acheminés par contrebande vers le Rwanda avant d’entrer dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. La RDC accuse le Rwanda d’être un acteur central dans l’exploitation illégale de minerais provenant de la RDC.
Les avocats de la RDC remettent en question l’efficacité de la certification ITSCI, utilisée par les fournisseurs d’Apple pour garantir une traçabilité fiable des minerais. Selon eux, cette certification présente de nombreux dysfonctionnements graves. Ils estiment que les engagements et précautions pris par Apple sont insuffisants pour garantir des pratiques d’approvisionnement responsable.
En réponse aux accusations, Apple affirme que les fonderies et raffineries faisant partie de sa chaîne d’approvisionnement n’ont pas financé directement ou indirectement des groupes armés en RDC ou dans un pays voisin. L’entreprise souligne également ses efforts pour auditer les pratiques d’approvisionnement responsable de ses fournisseurs et pour retirer de sa chaîne d’approvisionnement les fonderies et raffineries non conformes.
La RDC espère que cette action contre Apple contribuera à sensibiliser davantage sur la nécessité d’une traçabilité accrue et d’une responsabilité renforcée dans les chaînes d’approvisionnement mondiales de minerais stratégiques. La question de l’utilisation de minerais provenant de sources illégales ou liées à des conflits reste un défi majeur à relever pour les industries technologiques et le respect des droits humains.
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La nouvelle mise en demeure de la RDC intervient moins de deux ans après un rapport de Global Witness qui révélait que les minerais 3T, provenant d’opérations minières contrôlées par des groupes armés, se retrouvaient dans les produits de grandes entreprises technologiques telles que Tesla, Apple, HP, Nokia et Intel. Le rapport mettait en évidence les lacunes des mécanismes de traçabilité, y compris l’ITSCI, qui faciliteraient le blanchiment de minerais de contrebande ou provenant de mines contrôlées par des groupes armés.
Cependant, Apple affirme avoir pris des mesures pour s’assurer que ses minéraux proviennent de sources légitimes et éthiques. L’entreprise exige des audits de tiers sur les pratiques d’approvisionnement responsable de ses fournisseurs et a retiré de sa chaîne d’approvisionnement un certain nombre de fonderies et raffineries non conformes.