L’UICN, dans le cadre de ce projet, participe davantage aux efforts nationaux et internationaux pour concilier le développement socio-économique et la gestion durable de l’environnement à travers la promotion de l’entrepreneuriat jeune, le développement des activités agropastorales durables, la valorisation des produits forestiers, la promotion des énergies renouvelables et la restauration des paysages dégradés. À ce jour, les efforts consentis par l’UICN dans le cadre du projet ACREGIR dans les zones périphériques des parcs nationaux de Waza et de Bénoué ont contribué à renforcer l’implication des communautés dans la gestion participative desdites aires protégées, ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie de ces dernières. En offrant aux communautés des opportunités pour le développement d’alternatives et d’Activités Génératrices de Revenus (AGR), ce projet participe à rendre les riverains des parc concernés plus résilients, leur permettant de mieux s’adapter aux problèmes du changement climatique.
Entretien avec John Muafor, Chef de projet AGREGIR-UICN
Quels aspects seront développés par l’UICN dans le cadre de ce projet ?
Dans le cadre de ce projet, l’UICN investira dans le développement de l’entrepreneuriat jeune, le développement des alternatives et Activités Génératrices de Revenu (AGR), la valorisation des produits forestiers non ligneux, le développement des systèmes agropastoraux durables, la promotion des énergies renouvelables, la restauration des paysages dégradés et la promotion de conservation participative des parcs nationaux de la Bénoué et de Waza.
Quelles actions concrètes ont déjà été implémentées par l’UICN dans le cadre de ce projet ?
Au cours des 12 derniers mois, de mise en œuvre de ce projet, plusieurs actions ont été menées. Nous avons organisé des réunions de sensibilisation des communautés dans 12 villages autour des parcs nationaux de Waza et de la Bénoué. Ces réunions ont permis aux communautés non seulement d’être informées sur les actions envisagées par le projet, mais également de les rappeler leurs responsabilités sur la gestion de ces aires protégées. Dans la même optique, des ateliers de formation sur la gestion participative des parcs nationaux ont été organisés en faveur desdites communautés. Ceci a permis à environ 200 leaders d’opinion et riverains desdits parcs d’être formés sur les enjeux et l’éthique de la conservation, les menaces sur la biodiversité, la législation forestière et faunique, la gestion participative des ressources naturelles, l’exploitation durable du bois énergie, l’aménagement et la restauration des habitats de la faune, le développement des alternatives et Activités Génératrices de Revenu (AGR), la gestion durable des bétails et de la transhumance, ainsi que la gestion des conflits hommes-faunes.
Par ailleurs, nous avons investi dans le développement des foyers améliorés et l’utilisation du charbon écologique, afin de diminuer la pression sur les forêts pour le bois de chauffe. À cet effet, environ 100 femmes ont été formées sur la fabrication du charbon écologique et sur l’utilisation des foyers améliorés. Ces femmes seront spécifiquement encadrées par l’équipe de l’UICN et bénéficieront des appuis leur permettant de mettre en œuvre des microprojets dans ce domaine. Des séances d’éducation environnementale ont été menées dans les lycées riverains des parcs nationaux de la Bénoué et de Waza, permettant d’éduquer environ 650 jeunes sur les enjeux environnementaux et climatiques actuels. Les pépinières ont été établis et 120 000 plants en cours de production pour la restauration des paysages dégradés. Les études préliminaires pour le développement des projets d’entrepreneuriat, d’énergie renouvelable et de construction des infrastructures sociales ont déjà commencé.
Pourquoi le septentrion est-il la région qui a le plus besoin de ce projet ?
Le Cameroun est l’un des pays du monde où l’on observe déjà une récurrence anormale de phénomènes météorologiques extrêmes tels que des vents violents, des températures élevées et de fortes pluies, qui mettent en danger les communautés, les écosystèmes et les services qu’ils fournissent. Les conséquences du changement climatique, telles que les sécheresses et les inondations, qui sont fréquemment observées dans certaines parties du Cameroun, peuvent entraîner une faible couverture végétale, une baisse de la productivité agricole et une réduction des services écosystémiques. Ceci contribue au maintien des communautés rurales dans la pauvreté, surtout dans la partie septentrionale du pays où les problèmes du changement climatique sont les plus perceptibles.
Certaines des communautés les plus vulnérables vivant dans la partie septentrionale (le nord et l’extrême nord) du Cameroun sont les plus touchées, en particulier les femmes, les jeunes et les personnes déplacées. Afin de subvenir à leurs besoins, les populations exercent aujourd’hui une forte pression sur les ressources naturelles (forêts, eau, terres, biodiversité, etc.). Les défis auxquels font face les communautés de ces régions contribuent largement à l’augmentation de la migration observée dans la partie nord du pays et ont également été un facteur pour les jeunes qui rejoignent des groupes radicaux comme Boko Haram, cherchant ainsi à s’adapter aux défis complexes et interconnectés. Le projet ACREGIR est une réponse visant à aider à réduire ces défis, car il augmentera la résilience des communautés locales au changement climatique grâce à l’entrepreneuriat des jeunes et à la gestion intégrée des ressources naturelles au Cameroun.
Quelle est actuellement la situation des aires protégées du septentrion ?
Le septentrion abrite le plus grand nombre d’aires protégées au Cameroun en raison de la richesse de sa biodiversité. Les régions du Nord et de l’Extrême Nord concentrent un grand réseau d’aires protégées (parcs nationaux de la Bénoué, du Faro, de Bouba Ndjidda, de Mozogo-Gokoro, de Waza, Kalamaloué, etc.). Bien que ces aires protégées du nord soient bien gérées, elles font toujours face à des pressions anthropiques dues au fait que les communautés riveraines exploitent les ressources naturelles desdits parcs pour satisfaire leurs besoins quotidiens. La chasse et le braconnage des animaux, la coupe du bois pour l’énergie domestique et l’exploitation des produits forestiers non ligneux font partie des actions qui dégradent les écosystèmes des parcs. Le défrichement des forêts pour l’agriculture, que ce soit par les autochtones ou les déplacés, constitue également un facteur de destruction desdites aires protégées. Le pâturage et la transhumance des bétails, ainsi que leurs intrusions dans les aires protégées, constituent également un problème. Les impacts de tous ces défis de gestion des aires protégées du septentrion peuvent être encore plus négatifs si les problèmes appropriés ne sont pas pris en compte face aux effets du changement climatique.
Pensez-vous que ce projet permettra au grand septentrion d’atteindre une résilience climatique ?
C’est notre espoir pour ce projet. Nous aspirons à ce que toutes les zones où le projet sera mis en œuvre parviennent à une résilience climatique. Cependant, il est important de comprendre que ce projet contribuera à résoudre certains problèmes, mais d’autres initiatives seront également nécessaires pour compléter nos efforts.